Nous
sommes à Shanghai avec Kevin der Arsalian, le responsable de la société China
Metrix. China Metrix est une société qui conseille les entreprises sur leur
stratégie digitale et en particulier
comment maximiser leur vente via les canaux digitaux et optimiser leur
influence. Il y a deux thématiques qui semblent intéressantes aujourd’hui. La
première c’est la présence très forte des QRcode et ce que cela implique d’un
point de vue commercial. La deuxième ce sont les codes couleurs utilisées par
les Chinois notamment sur le web mais aussi dans la vie de tous les jours, qui
sont très différents de l’Occident.
Distribution Chine : Bonjour
Kevin. Les QRcode sont une thématique importante parce que cela met du temps à
décoller en occident. En Chine, on y est, les gens utilisent les QRcode.
Kevin Der Arsalian: Les QRcodes sont
quelques choses qui décollent absolument en Chine ; c’est-à-dire que c’est
déjà implanté, c’est déjà quelque chose qui s’utilise au quotidien.
Qu’est-ce
qu’un QRcode ? Un QRcode, c’est un code de dimension qui scanne avec un
téléphone et qui renvoie sur un bloc de texte ou envoie sur un URL. Cela a été
utilisé brièvement en Occident, dans les publicités Calvin Klein qui
l’utilisait pour envoyer sur une vidéo de la marque. Mais cela n’a jamais
vraiment décollé. Pour pouvoir lire un QRcode, il faut avoir le logiciel adapté
sur le téléphone. Mais surtout, il faut savoir ce qu’est un QRcode et il y a
une véritable éducation de marché à faire.
Distribution Chine :
Effectivement, on voit dans le métro parisien, on voit un peu partout en
Occident ces QRcodes, mais très peu de gens l’utilisent.
Kevin Der Arsalian : Voilà. Alors
qu’en Chine, il y a une chose qui a changé la donne : c’est Weixin.
Weixin,
c’est Wechat ; c’est l’équivalent de Whatsup en France. C’est un outil de
communication qui permet à la fois d’écrire et de laisser des messages audio.
Kevin Der Arsalian : Mais, il faut
savoir que Weixin, c’est absolument gigantesque ; c’est-à-dire cela a été
lancé il y a deux ans et cela a déjà 272 millions d’utilisateurs. C’est Weixin
qui est responsable, entre autres, de la mort du SMS en Chine. Les gens n’écrivent
plus de SMS. Ils utilisent tout simplement Weixin. Weixin a intégré dans son
logiciel un scan de code QR. Les gens ont vu apparaître des QRcodes avec Weixin
et ils pouvaient les utiliser. Donc, maintenant, cette éducation de marché
vis-à-vis des QRcodes est faite. Les gens savent ce que c’est, savent comment
les lire et savent les utiliser.
Maintenant,
il ne reste en moins que les QR codes, on ne savait pas forcément quoi en
faire ; c’était pour envoyer sur une pub, pour envoyer sur une page
d’informations. En Chine on a même vu des QRcodes sur des tombes qui donnaient
un petit mémorial de la personne avec des photos.
Distribution Chine : Et cela
marchait ce QRcode avec les tombes ?
Kevin Der Arsalian : Cela
marchait. Il faut savoir qu’en Chine, il y a une fête nationale où on se
retrouve pour nettoyer les tombes de ses ancêtres. Et on voyait dans les
cimetières chinois tout le monde sortir son téléphone portable et scanner les
tombes qui avaient un QRcode.
Mais,
il y a une chose qui a véritablement permis l’explosion du QRcode en Chine,
c’est les portefeuilles électroniques. Il y a deux gros portefeuilles
électroniques en Chine. Il y a Tenpay et Alipay.
Alipay,
c’est l’équivalent de PayPal en Chine, créé par Alibaba, ce grand groupe qui va
être coté en bourse bientôt.
Tenpay,
c’est le portefeuille électronique lancé par Tencent qui est notamment le
créateur de Weixin.
Ces
portefeuilles électroniques sont énormes en Chine pour une très simple
raison ; quand le e-commerce a commencé à devenir grand en Chine, il y avait
un manque de confiance. Les gens n’osaient pas utiliser Internet pour payer. Il
y avait une peur de vol d’informations de cartes de crédit. Alibaba a fait un
véritable coup de génie en créant ce portefeuille électronique qui pouvait se
recharger, qui n’était pas forcément lié à la carte bancaire et qui était un
outil de confiance. L’Internet s’est
véritablement développé autour de ces portefeuilles électroniques. Mais
ce qu’on retrouve maintenant c’est que Weixin a intégré des fonctions de
paiement à l’intérieur même de sa plateforme de test. On peut retrouver des
produits qu’on peut acheter et notamment en utilisant les QRcodes. C’est-à-dire
qu’on est maintenant dans une situation où pour payer, les gens utilisent leurs téléphones portables,
scannent un QR qui est lié à leur portefeuille électronique et paient tout
simplement via leurs téléphones.
Distribution Chine : Donc,
aujourd’hui, on va faire les magasins en Chine, on peut prendre son mobile,
prendre une photo et payer avec le QRcode du produit.
Kevin Der Arsalian : Exactement.
On voit, par exemple, les distributeurs automatiques de boissons, qui
présentent un petit QRcode, qui permet de scanner et de recevoir sa boisson
comme cela. Ou alors, à Pékin, on a déjà 5000 taxis qui permettent le paiement
par QRcode.
Alipay,
dit qu’il y a maintenant 460 000 entreprises qui permettent le paiement
par QRcode. C’est absolument gigantesque.
Distribution Chine : On voit qu’il
y a une révolution en marche en Chine avec les QRcodes. On dit souvent que la
Chine n’innove pas. Mais là, c’est un exemple même d’innovation au moins par
l’adoption.
Kevin Der Arsalian : C’est un
exemple d’innovation par l’adoption et cela pose un véritable enjeu pour les
entreprises et notamment nos clients car maintenant, pour une entreprise, ne
pas offrir le paiement par QRcode c’est l’équivalent de ne pas offrir le
paiement par carte de crédit. C’est un besoin. C’est devenu un véritable moyen
de paiement fondamental en Chine.
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